Pedro VERDU

Dans mes souvenirs les plus lointains, le Flamenco à toujours été présent. La musique qui passait sur le petit poste radio de la cuisine, était branché sur l’onde de la petite radio locale animée par des immigrés andalous… Puis ma mère, sa voix qui montait dans les aigus lorsqu’elle entonnait ces chants de sa terre d’origine me donnait des frissons et éveillait ma curiosité sur ce qu’était sa vie de petite fille au sein d’une fratrie de 6 au beau milieu de la terre aride et pauvre d’Andalousie…

Ensuite ma sœur prit ses premiers cours de danse, classique au départ puis Flamenco. C’est souvent que j’assistais à ses cours dans le coin de la salle et ses claquements de talon sur le parquet en bois me fascinaient. Il m’arrivait parfois seul dans ma chambre d’enfant, d’imiter les gestes approximatifs, que j’avais pu la voir exécuter. Parfois je me lançais et lui demandais de me montrer quelques pas, afin d’aller vers le juste.

Me voyant pris d’intérêt pour cette danse, ma mère me proposa maintes fois de m’inscrire à un cours de danse, mais elle n’essuyait que des refus, certainement dus à ma grande timidité d’enfant. Peu à peu j’appris les sevillanas de manière quasi autodidacte, et participai à des concours de sevillanes catégorie enfant. Je prenais les quelques prix que je remportais, comme des encouragements, et ceci m’amena à suivre mon premier stage de Flamenco avec Mari Carmen Garcia du haut de mes douze ans. Fine pédagogue, elle a su me donner le goût du travail et de la rigueur durant ce premier stage. Je m’entrainais, toujours et encore plus et nos parents nous ont offert deux stages avec  « une prof d’Espagne » comme on le disait alors, Paqui Villau. Elle venait d’Alcala de Guadaïra (Sevilla) où elle enseignait avec sa sœur (quelle coïncidence !), et mes parents nous ont offert notre premier stage en Espagne. J’avais 14 ans. Ce séjour, riche en apprentissage technique, artistique et humain a parlé en nous. Paqui Villau et sa sœur Maria del Mar  nous ont donné toutes les ficelles, les codes, la technique, l’art, et le goût du Flamenco et l’amour de son partage. Elles m’ont ensuite intégré à leur Ballet flamenco pour sa participation  au concours télévisé de Telecinco Mañana Seran Estrella, à l’œuvre de théâtre Flamenca Enueño, ainsi que dans un Spectacle flamenco privé pour l’acteur américain Tommy lee Jones. Ensuite, j’ai pu approfondir leur enseignement et le compléter auprès de Manuel Betanzos, Manolo Marin, Juan Ortega, Israel Galvan, Manuel Liñan, Joaquin Grilo, Chiqui de Jerez, Javier Latorre, Maria Jose Franco, Andres Marin, Rafael Campallo, Pilar Ortega, Adela Campallo, Marcos Flores…

Remporter le 3ème prix du concours international de la Ville de Nîmes en 1993(et figurer sur l’enregistrement du CD du même nom) à l’âge de 14 ans, a été pour moi un défi, et surtout un tremplin, confirmé par la 1ère place (1er prix) au concours jeunes danseurs de la cette ville Romaine mais surtout Flamenca, lorsque j’avais 16 ans. La participation et ces prix m’ont amené à faire mes premières télévisions dans le cadre de reportages de FR3 et m’ont valu la reconnaissance flamenca des personnalités telles que Isabel Soler, qui m’a donner l’opportunité de partager la scène avec Manuel Betanzos (grand Maestro sevillan)  à Fenouillet,  ou de Pépé Linares précurseur du Flamenco Nîmois et du Grand Sud de la France, qui m’a inclus dans son groupe, et qui alors incluait ponctuellement le guitariste Antonio Moya (guitariste Nîmois d’origine, reconnu comme un des meilleurs guitaristes de Utrera à l’heure actuelle). J’interviens aussi en tant que danseur dans le Groupe Bienvenido Combo, et le cuadro Flamenco flamilial Candela que nous créons au début des années 1990.  Corinne Savy ethnomusicologue, flamencologue me propose une collaboration sous forme de conférence illustrée sur le flamenco, que nous présenterons au Festival Montpellier danse en 1995.

J’enchaine ensuite d’autres collaborations scéniques déterminantes dont celle de José Mendez, chanteur flamenco de Jerez pour un Tablao à Bordeaux, la danseuse de Granada Fuensanta la Moneta en 2003. La naissance de nouveaux projets artistiques m’intéresse ce qui me propulse à m’investir dans de multiples créations : Miradas (avec Soledad Cuesta), Una y Otra vez et De sur à sur (avec Isabel Gasquez), Parcours Croisés de Montpellier Quartiers Libre (Yann Lheureux, Eric Scialo, Mbeckoum, Swing Jammers), De Bronce y encaje,  Antologia, Aqui estamos, Bordon tacon y quejio, Antologia 2, Flamenc’ambos (José Guillen), Cendrillon cuento Flamenco (Vanessa Domiati)…

Nous créons avec ma Sœur Natalia la Compagnie TEMPERAMENTO ANDALUZ professionnelle, dans un but de recherche et d’orientation vers le Flamenco qui nous ressemble : un Flamenco pur, authentique, pointilleux, ouvert à de nouveaux horizons, et surtout comme ligne de mire la professionnalisation et rigueur. Ce cheminement fraternel débouche sur nos créations flamencas : Tablao Flamenco, Crisoles, Sentios, Sello Flamenco, messe Flamenca, Trait d’Union (2010), Concert Flamenco (2012), Isiador, conte chorégraphique et musical (2013), Concert Flamenco Pop Rumbas y Sevillanas  (2013) et FlamencoSon (2016).
Actuellement je suis sur le projet d’écriture chorégraphique d’un spectacle destiné au jeune public.

L’Atelier chorégraphique et d’Art Flamenco de Montpellier, est un lieu de résidence artistique dans lequel je puise toute mon inspiration pour la création chorégraphique de spectacles.

On a dit de moi : « il porte en lui une véritable hoguera (brasier) qu’il l’enflamme pour cette danse qu’il sait communiquer au public »

Pedro